BAY OF ISLANDS :
Après quelques jours paisibles passés aux îles Cavalli pour nous remettre de nos émotions, nous reprenons la mer direction la Bay of Islands. C’est LE bassin de croisière préféré des plaisanciers qu’ils soient étrangers ou kiwis. Une multitude d’îles parsème cette immense baie, le climat y est subtropical et l’eau souvent turquoise. Mais attention, en période estivale la concentration de bateaux est rébarbative…
La navigation est idyllique avec un vent arrière de 15 nœuds, notre état d’esprit est à l’apaisement et nous nous jurons de bichonner notre Ninamu.
Nous devons retourner à Opua afin de demander des prolongations de visa (en fait tout se fait par voie postale, il suffit de remplir un dossier et de payer une centaine d’euros mais nous ne le savions pas), faire quelques réparations sur Ninamu, les courses… Toute la logistique habituelle en somme. Nous devons également organiser notre road trip en camping-car, se renseigner sur les différentes compagnies de location et réserver le véhicule. Car nous avons décidé de laisser Ninamu en marina durant 3 semaines et de visiter le centre de l’île du Nord où il est difficile de se rendre en bateau …
Motuarohia Island :
Nous fuyons rapidement l’agitation qui règne à Paihia et Russel (c’est de la folie en raison d’une course de vieux gréements) pour aller mouiller devant Motuarohia Island où nous retrouvons nos copains et leurs enfants des voiliers Philemon et Ouistitis.
Marielle a préparé des galettes des rois maison (y compris la pâte feuilletée !) afin de fêter dignement l’épiphanie. Encore une fête que nous aurions zappé sans la présence de nos amis. Nous sommes irrémédiablement des parents indignes même si l’on arrive quand même à se souvenir des anniversaires de nos enfants.
Urupukapuka Island :
Nous mouillons dans quelques mètres d’eau à Paradise Bay qui porte bien son nom. L’île est très jolie et est parsemée de sentiers de randonnées.
Les dauphins s’invitent au mouillage, ils sont énormes et Florent brave l’eau froide pour aller nager avec eux.
Nous restons plusieurs jours sur l’île tant elle est agréable.
Motorua Island :
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Encore une charmante île où il fait bon de jeter l’ancre : plages de sable blanc, petits chemins de randonnées, plusieurs baies où mouiller…
Nous jetons notre dévolu sur la baie de Waiwhapuku d’où part un sentier qui fait le tour de l’île. La majeur partie du parcours est ombragée car elle se fait en forêt mais ça monte et ça descend et il faut à peu près une heure pour faire le tour de Motorua.
En raison du nombre croissant de bateaux, nous décidons de naviguer vers le Nord-Ouest de la Bay of Islands à la recherche de mouillages un peu moins fréquentés.
Rangihoua bay :
Rangihoua Bay est effectivement un mouillage plus préservé ; un accès à terre permet de se balader sur la colline d’où la vue est superbe.
Hélas la baie d’à côté, Whale Bay, majestueuse avec ses hauts sapins est strictement privée et de grosses pancartes « Keep Out ! » dissuadent même les français indisciplinés que nous sommes. Dommage.
Oke Bay :
Oke Bay est l’un des must de la Bay of Islands et donc sans surprise, le mouillage est saturé de voiliers et de bateaux à moteur. Mais l’on ne regrette pas d’y être car nous y retrouvons nos copains Mervin et Shirley du voilier Kerangi ce qui nous donnera l’occasion d’approfondir notre amitié.
Mervin et Florent s’empressent d’aller pêcher ensemble des moules dans une eau à 18°… Mervin, tout kiwi qu’il est, a une combinaison intégrale. Il nous explique que le ramassage des moules est strictement réglementé : pas plus de 50 par jour et par personne. Euh… ça devrait aller. Les néo-zélandais adorent les moules, surtout les vertes qui font plus de 10 cm ! Pour nous, elles sont un peu écœurantes mais on finit par s’y faire. Le champs de moule est énorme et les hommes s’y donnent à cœur joie jusqu’à ce que l’hypothermie qui menace Florent le fasse décamper de l’eau. Ce pauvre Florent qui d’ailleurs est rebaptisé « Bob » par nos copains kiwis car malgré tous leurs efforts, il leur est juste impossible de prononcer le « ren » de Florent.
Nous passons une très agréable soirée en leur compagnie et sommes ravis de leur concocter notre meilleur tajine d’agneau plein d’épices. Comme c’est la première fois que nous partageons un repas ensemble, on va dire (rétrospectivement) que leur commentaires sur la cuisine sont polis et courtois. Shirley fait même un probable énorme effort pour manger. Ils nous avoueront quelques mois plus tard avoir eu du mal avec les épices… De plus, Shirley n’apprécie pas beaucoup les légumes.
Oke Bay : sa belle plage , ses champs de moules mais aussi ses nombreuses randonnées.
En partant de la plage, on grimpe le petit raidillon de la colline puis un sentier part sur la gauche ; en 45 minutes et 300 mètres de dénivelé, l’on atteint un très beau point de vue sur la Bay of Islands. Cinq minutes de marche plus loin se trouve sur la droite la bifurcation pour rejoindre la baie de Whangamumu située à l’Est de la péninsule du cap Brett.
Si l’on poursuit le sentier tout droit après le point de vue, l’on rejoint Deep Water Cove, le dernier mouillage du Cap Brett côté Bay of Islands. Ce sentier exceptionnel chemine en forêt puis sur la crête de la péninsule offrant ainsi de magnifiques points de vue sur les îles de la Bay of Islands d’un côté et sur les baies situées à l’Est. Mais attention, ce n’est pas une promenade de santé, il y a 12 km, 700 mètres de dénivelé et le parcours est en montagnes russes. J’ai mis 3 heures pour atteindre Deep Water Cove où Florent avait navigué en compagnie des enfants pendant que je marchais.
Après cette jolie escale, nous quittons la Bay of Islands pour naviguer en direction de Whangarei. Nous longeons la belle côte du cap Brett jusqu’au mouillage de Whangamumu.
Whangamumu :
Whangamumu est un mouillage isolé et sauvage, bien préservé car aucune route n’y accède. Depuis la route, il faut une bonne quarantaine de minutes de marche pour atteindre la baie (ce qui dissuade bon nombre de touristes) pourtant cela vaut le coup.
L’anniversaire de Florent approchant et nos provisions diminuant, je décide de me rendre à pied dans le village le plus proche afin de faire des courses et pourquoi pas, trouver une belle pièce de bœuf pour faire plaisir à mon carnivore invétéré. C’est une petite expédition mais je suis motivée. Il faut parcourir le sentier jusqu’à la route puis marcher une bonne cinquantaine de minutes sur le bitume, sous le soleil pour atteindre Rawiti. Je pensais faire de l’autostop mais hormis une voiture en sens inverse et le camion des poubelles, personne ne passe ! C’est un peu rude car la route monte et descend.
Arrivée à destination, à défaut de magasin, je me retrouve devant une minuscule échoppe qui ne vend que des chips et du coca ! L’épicerie a fermé. Je suis dépitée : 1H30 de marche à l’aller et une autre heure trente au retour et je vais rentrer bredouille. Je décide de faire le retour par Oke Bay via Kauri Cove car il est hors de question de me retaper la route goudronnée en sens inverse sous ce soleil de plomb.
Je grimpe la petite colline qui mène vers Oke Bay et m’assoit quelques instants pour admirer la vue. Je suis rapidement rejointe par une dame et nous nous saluons. Elle me parle de ses genoux qui lui font mal et moi de ma mésaventure.
Nancy redescend puis revient 5 minutes plus tard pour me proposer de m’emmener faire des courses à Russell qui est à 26 km. Je suis stupéfaite et gênée mais elle me présente sa fille Laela (qui a le même âge que moi et qui connait Tahiti) et cette dernière me mets immédiatement à l’aise en me jurant que de toutes manières, elles avaient prévu d’aller faire des courses et qu’elles ont de la place dans la voiture. Elles sont vraiment adorables.
Le mari de Nancy est maori et c’est vraiment intéressant de rencontrer des kiwis d’origine polynésienne. On se quitte et j’ai droit à mon premier hongi (qui m’émeut beaucoup plus qu’un hug). Le hongi est le salut traditionnel maori qui consiste à se positionner front contre front et à se frotter le bout du nez durant plusieurs secondes. Je trouve ce geste très émouvant alors que la proximité corporelle du hug me mets encore mal à l’aise à cette époque.
Evidemment, je m’empresse d’inviter mes sauveuses à un barbecue à bord de Ninamu le lendemain (j’ai 3 kilos de bœuf dans mon sac à dos). Nancy n’est pas en assez bonne condition physique pour parcourir le sentier jusqu’à la baie de Whangamumu mais Laela me promets de venir. On se donne RDV sur la plage vers midi (le réseau de téléphone ne passe pas dans la baie) pour le lendemain et je m’élance sur le sentier du retour toute guillerette.
Le lendemain, à l’heure dite, je vois arriver Laela en compagnie de sa nièce Deon (dommage, son mari n’a pas voulu venir et ses enfants sont trop petits) mais c’est super quand même ! Elle nous ramène deux succulents poissons pêchés le matin même. On passe une super journée tous ensemble en compagnie des Philemon.
Lorsque l’on tente de resservir à boire à Laela et de lui remplir son assiette ; elle nous avoue ce que son père s’est exclamé lorsqu’elle lui a dit qu’elle était invitée à manger chez des français : « Mon Dieu ! Tu vas sortir de table à 18H et complètement bourrée ! ». Cela nous fait bien marrer.
Après ces bons moments partagés, nous poursuivons notre route vers Whangaruru harbour, c’est un mouillage bucolique et désert. Nous jetons notre ancre devant Sandy bay.
De là, un petit chemin mène en 5 minutes de l’autre côté de l’isthme vers la belle plage de Bland Bay où Maya et Dune s’adonnent au ramassage et à la dégustation d’huitres sauvages à même les rochers. Les enfants se baignent dans des petites piscines d’eau chaude qui les ravissent.
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Une très belle navigation côtière le long de la côte de Tutukaka nous mène dans la baie de Matapouri.
TUTUKAKA COAST :
Matapouri Bay :
Ce serait, parait-il, l’une des plus belles plages de Nouvelle Zélande. Effectivement, une grande plage de sable doré s’étire en arc de cercle autour d’une mer offrant des dégradés de bleus nous rappelant la Polynésie. L’endroit est si paradisiaque que nous décidons de rester dans cette baie pas très bien abritée alors qu’un vent de Sud-Ouest souffle en rafales à 30 nœuds. C’est assez impressionnant et cela bouge un peu à bord mais l’on sait qu’une accalmie est prévue d’ici 24 heures alors cela vaut le coup de subir quelques petits désagréments.
Une petite balade côtière mène en 30 minutes à Whale Bay (accessible uniquement à pied) ; l’endroit est sublime et la randonnée en elle-même offre de beaux points de vue sur la côte.
On galère un peu au retour avec un Matéo qui n’est donc plus le champion de la rando mais à sa décharge, les kiwis ont le chic pour faire des sentiers de randonnées en marche d’escalier hyper raides ! Ils ne connaissent pas les escaliers en colimaçon apparemment…
Une nouvelle dépression arrivant, nous décidons de quitter Matapouri Bay (qui comme vous l’avez compris n’a absolument rien de pourri, facile…) pour aller nous réfugier à Tutukaka harbour.
Tutukaka harbour :
Encore un joli port naturel peu fréquenté par les bateaux de passage, nous tentons plusieurs mouillages avant de nous réfugier à la marina car le cyclone June, responsable d’une dépression en Nouvelle Zélande, cause du vent en rafales à 35-45 nœuds. Durant la nuit, c’est fou comme cela tire sur les amarres, le vent parvenant à s’engouffrer mais heureusement pas la mer. On apprendra le lendemain matin que des rafales jusqu’à 65 nœuds ont été enregistrées cette nuit-là. On ne regrette pas d’être allés à la marina même si leurs tarifs sont un peu chers.
En partant des pontons, une jolie balade mène à Kukutauwhao Island et son phare (1 heure aller-retour) ; on peut apprécier de beaux points de vue sur la baie au sommet de la colline mais attention on ne peut passer qu’à marée basse.
Il est temps pour nous de nous rendre à Whangarei pour une escale « technique » : réparations des voiles, de l’annexe, du chauffe-eau, du joystick du GPS et enfin achat de nouveaux matelas pour notre cabine avec confection des housses… La liste est longue sur un bateau mais un bateau qui navigue est un bateau qui s’use et qu’il faut entretenir.
Au départ, la navigation entre Tutukaka harbour et Whangarei nous parait interminable puis le vent prévu de 10-15 nœuds se transforme en 25-30 nœuds et la navigation devient sportive et un peu plus galère ! Il n’y aucun refuge par vent de Sud-Ouest alors nous poursuivons la navigation à l’intérieur du bassin vers la ville de Whangarei. On nous avait dit que Whangarei était moche mais nous trouvons le bassin de navigation plutôt joli. Il nous faudra plus de 8 heures pour enfin arriver devant le pont… à marée basse.
Depuis mai 2013, un pont a été construit afin de fluidifier la circulation dans la ville. Nous ne savons pas si cela a effectivement réduit les embouteillages, en tous cas cela complique l’accès à la marina de Town Bassin située dans le centre-ville de Whangarei. Car il faut passer sous ce fameux pont et avec un mat cela s’avère un peu compliqué. Heureusement, ils ont pensé à tout et il s’agit d’un pont à bascule qui s’ouvre à la demande des plaisanciers. Il faut appeler le « Bridge Control » sur le canal 64 à la VHF et ils s’occupent d’arrêter la circulation automobile puis d’ouvrir le pont. Assez spectaculaire.
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L’autre désavantage ou plutôt contrainte de la marina Town Bassin est que les quillards doivent y naviguer à marée haute sous peine de talonner (notre spécialité).
Cafouillage pour les Ninamu : on appelle la marina pour leur demander si nous pouvons accéder au ponton. Ils ne nous recommandent pas d’essayer de rentrer à marée basse. Notez bien : « je ne vous le conseillerai pas » au lieu de « vous ne pouvez pas » ; cette nuance syntaxique anglo-saxonne m’exaspère car on ne comprend pas bien si c’est possible ou non. Nous ne nous étions pas assez bien renseigné sur Whangarei avant d’y aller et nous n’étions pas au fait de toutes ces contraintes au niveau des marées.
Bref, il faudra revenir le lendemain à marée haute. On fait marche arrière et cela ne manque pas, on touche un peu ; décidemment ! Il est temps de déguerpir avant qu’il n’y ait plus d’eau sous la quille.
Nous mouillons en face du chantier nautique. Nous nous régalons d’un succulent bœuf bourguignon et dormons paisiblement. Le vent se calme complètement dans la nuit.
Le lendemain, à marée haute, nous nous présentons devant ce fabuleux pont à bascule et faisons croire à Maya qu’il faut réciter une formule magique pour le faire ouvrir. Elle s’empresse d’en inventer une et de la réciter. C’est alors que sous ses yeux ébahis et naïfs d’enfant, le pont s’ouvre et Ninamu peut enfin se diriger vers la marina.