OPUA:
Le lendemain de notre arrivée, nous recevons à bord la visite de Lenzy, une jeune femme très sympa qui travaille pour le compte de la marina d'Opua et dont la fonction consiste à accueillir les plaisanciers. Elle nous prodigue une foule de conseils, nous indique les attraits touristiques de la région et répond à toutes nos questions (allant de l'achat des cadeaux de Noël pour les enfants à où trouver des couettes car nous crevons de froid). Ce service offert par la marina est vraiment surprenant ; nous n'avions jamais eu auparavant un tel accueil. Ce qu'il faut comprendre, c'est que Lenzy est venue nous rendre visite alors que nous étions encore au quai de quarantaine et que nous n'avions pas spécialement prévu de séjourner à la marina. Il faut croire qu'elle a été efficace car nous avons fini par y passer une semaine.
Les formalités administratives d'entrée en Nouvelle Zélande se sont avérées plus simple que ce que l'on s’imaginait. Tout d'abord nous avons trouvé les fonctionnaires très sympathiques. Avec tous les bruits qui courraient, l'on s'imaginait qu'ils fouilleraient partout et nous confisqueraient plein de choses mais cela n'a pas été le cas. Par contre, ils ont insisté sur l'éventuelle présence à bord de miel, d'œufs ou de canard ; produits qui sont formellement interdits à l’importation sur leur territoire.
Nous avons obtenu des visas pour 3 mois et un permis de séjour de 2 ans pour Ninamu. La loi ayant changé en janvier 2014 : à présent les voiliers étrangers ont le droit de rester 2 ans en Nouvelle Zélande sans avoir à payer les taxes.
L'environnement de la marina d'Opua est vraiment agréable ; le contraste du ciel bleu et pur avec les pohutukawa est saisissant. Les pohutukawas sont des arbres endémiques du Nord de la Nouvelle Zélande qui fleurissent en été : leurs fleurs sont d'un rouge intense qui tranchent sur leurs feuilles vert bouteille. C'est vraiment très joli. Mais si la marina d'Opua est agréable, elle n'en demeure pas moins isolée (pas de supermarché à proximité, juste une petite épicerie de dépannage qui affiche des prix exorbitants). Il faut avoir une voiture afin de se rendre à Pahia, ville la plus proche.
Avec Maya, nous empruntons le joli chemin côtier qui relie Opua à Pahia : deux heures de balade agréable qui part de la plage d'Opua, suit la côte, s'insinue dans la forêt puis dans la mangrove pour enfin aboutir sur la plage de Pahia (l'on ne peut passer sur cette partie du chemin qu'à marée basse).
Florent, qui a loué une voiture, nous récupère à l'arrivée nous évitant ainsi de faire l'aller-retour. Nous devons faire de grosses courses d'approvisionnement et surtout acheter des pyjamas chauds aux enfants et des couettes. Nous sommes super contents en arrivant au magasin car en raison de la saison d'été celles-ci sont soldées à moins 50% ! Grâce à l’économie réalisée, nous offrons d'adorables chaussons en cuir et laine de mouton aux enfants afin de réchauffer leurs petits potons. Car même si c'est l'été et que nous sommes dans la région la plus chaude de Nouvelle Zélande, pour nous, il caille !
Il faut aussi que l'on s'occupe de quelques réparations sur Ninamu. Par un hasard incroyable, Florent trouve un barbotin d'occasion à 50 dollars qui va parfaitement avec notre guindeau électrique ! Quant à nos copains de Philemon, ils nous offrent la pièce du hâle-bas qui avait cédé et qu'ils avaient miraculeusement en stock sur leur bateau.
Nous ne nous éternisons pas à Opua car nous trouvons qu'il y a trop de bateaux à notre goût. Nous levons l'ancre et mouillons devant Pahia non loin de l'embouchure de la rivière Waitangi. Celle-ci peut se remonter en annexe à marée haute sur plusieurs miles et débouche sur une belle cascade.
Puis nous poursuivons notre exploration de la baie en allant mouiller devant Russel mais nous sommes déçus par l'endroit : trop de voiliers, trop de touristes, peu d’intérêt et en tous cas pas assez « sauvage » à notre goût.
Nous décidons alors d'explorer la rivière Kerikeri et ses mouillages. Des copains nous ayant affirmé qu'avec leur 2 mètres de tirent d'eau, ils avaient pu la remonter à marée haute. Nous passons donc une soirée dans un mouillage somptueux et solitaire à l'embouchure de la rivière, en attente de la marée haute le lendemain matin. Au petit matin, confiants, nous débutons notre remontée mais rapidement, notre quille s’enlise : 1,7 mètres au sondeur! Mince ! Nous sommes bloqués, l'on s'active, l'on tente un demi tour en talonnant et en labourant comme des bœufs la vase. Matéo rigole et Maya me parle de ses cheveux alors que nous avons d'autres chats à fouetter ! Heureusement, nous parvenons à extraire Ninamu de la rivière et reprenons le large. Mais quel stress !
S'en est assez ! Nous décidons de naviguer vers le Nord de la Nouvelle Zélande et de quitter la Bay of Islands ; nous mettons le cap vers les îles Cavalli.
THE FAR NORTH
CAVALLI ISLANDS :
Nous jetons l'ancre devant Motukawanui Island dans la baie de Papatara. Le mouillage a tout pour nous plaire : sauvage, désert et beau. La baie de Papatara donne sur une plage de galets alors que curieusement sa voisine mitoyenne,la baie de Waiiti, s'ouvre sur une magnifique plage de sable blanc.
Nous partons en balade accompagnés de Matéo, qui du haut de ses deux ans, fait sa première randonnée. Nous sommes fiers de lui : il ne parle pas, porte encore des couches mais est capable de monter 100 mètres de dénivelé !
Le lendemain nous laissons les garçons au bateau et Maya et moi partons à l’assaut de la traversée de l'île : un sentier très bien entretenu la traverse du Nord au Sud. Il passe par le sommet de l'île d'où l'on peut apprécier une vue à 360° qui s'étend du cap Brett au cap Reinga ce qui nous fait immédiatement oublier les 7 km en montagnes russes du chemin et les 500 mètres de dénivelé.
Le sentier débouche sur une très belle plage de sable blanc au Nord de l'île où l'on peut se baigner si l'on est courageux... Car même Maya, notre petit radiateur sur pattes, n'a pour l'instant trempé que ses orteils dans les eaux néo zélandaises. Nous ne sommes absolument pas encore acclimatés.
L'endroit est si fabuleux et peu fréquenté que nous nous empressons d'aller y mouiller.
C'est la fête car durant la courte navigation, nous pêchons un Wahoo ; nous sommes fous de joie. Joie qui va vite retomber lorsque Florent vide le poisson et constate que celui-ci est infesté d'énormes vers blancs qui grouillent dans tous les sens. Beurk, ils font au moins 4 cm de longueur. Florent me demande quant même de le cuisiner... Il sera seul à en manger.
Pour nous réconforter, nous décidons d'aller prendre l'apéritif au somment de la colline, petite grimpette assez raide mais la vue au sommet vaut tous les superlatifs. Matéo continue à marcher vaillamment, pourvu que cela dure... Il est aussi le premier Gachod à s'être baigné en Nouvelle Zélande, il aime tellement l'eau que malgré les 18°, il patauge tout content.
Après quelques jours paisibles aux Cavalli Islands, nous décidons de poursuivre notre navigation vers le Nord de l'île du Nord, le long de la côte Est.
L'on pêche un poisson dont l'on s'empresse d'arracher les intestins afin d'éviter toute infestation de la chair d'éventuels vers.
WHANGAROA HARBOUR :
Whangaroa Harbour vaut vraiment le détour : c'est une sorte de fjord dans lequel l'on pénètre par une passe étroite qu'il vaut mieux emprunter par marée montante. Le paysage est grandiose et calme à souhait ; ici il y a très peu de voiliers de passage, plutôt des kiwis en vacances.
Notre premier mouillage s'effectue devant la marina afin de pouvoir faire des lessives, se doucher avec de l'eau à volonté et faire quelques courses à l'épicerie du coin.
La petite marina possède en outre un bar restaurant à l'ambiance très sympathique et dont les prix défient toute concurrence. Sur le chemin du retour, nous saluons un couple de marins néo zélandais qui prennent leur déjeuner : hamburger pour lui et fish and chips pour madame. Je ne peux m'empêcher de penser qu'il y a tant d'autres mets à savourer... Je ne sais pas encore que la nourriture sera un long fil de discussion, de quiproquos et de discorde joviale au cours de notre future amitié.
Le tuyau qui alimente le moteur de notre annexe ayant pété, Florent doit aller à la station service en ramant afin de voir s'ils auraient des pièces de dépannage. Mais le courant est si fort qu'il le pousse inexorablement vers un voilier ancré non loin de nous. Rapidement, une annexe fonce dans sa direction et lui demande avec un accent à couper au couteau (que j'ai moi même encore du mal à comprendre parfois) ce qu'il fabrique. Il s'agit de Mervin, le marin déjeunant avec sa femme Shirley, qui voyant une embarcation se diriger vers leur voilier est venu voir de quoi il s'agissait. La veille, ils s'étaient fait importuner par deux hommes saouls qui étaient venus à leur bord réclamer à boire !
Après quelques explications, il se mets en quatre (comme souvent les kiwis) pour essayer de nous aider. Après quelques bidouillages, les hommes réussirent à réparer le cordon d'alimentation jusqu’à ce que l'on trouve un magasin digne de ce nom.
Cette petite mésaventure nous permet de faire la connaissance de Mervin et Shirley qui s'avèrent être vraiment très sympathiques. J'arrive à convaincre Shirley de faire l'ascension de St Paul's Rock en notre compagnie. On embarque leur chien, qui tenu en laisse, est un véritable moteur pour les enfants : ils se battent pour tenir la laisse et avancent sans réfléchir. La vue à 360° au sommet est sublime et nous laisse apprécier toute la beauté du fjord . Nous sommes si fiers de Matéo qui a grimpé tout seul 200 mètres de dénivelés positifs, pas mal à deux ans. Va falloir que l'on se débarrasse de notre sac de portage dans lequel de toutes manières, il n'a jamais voulu contenir .
On quitte Mervin et Shirley en se promettant de se revoir.
Puis nous mouillons à Rere Bay mais nous ne sommes pas seuls car les voiliers néo zélandais comment à affluer avec le début des vacances d'été.
Le lendemain, nous nous lançons dans l'ascension du Duke's Nose en compagnie des enfants : ce n'est pas long, il n'y a que 200 mètres de dénivelé alors on se dit qu'on va justement entreprendre cette rando « the fingers in the nose », the Duke donc... Euh... vous suivez ?
Bref, même si la première partie du chemin ne présente pas de difficulté majeure, les 15 derniers mètres sont de la pure escalade ! Voie équipée de chaînes certes mais escalade tout de même. Au pied de la paroi, j'hésite à grimper en compagnie de Maya. Florent et Matéo sont plus bas, ce dernier refusant d'avancer un pas de plus. Maya grimpe comme une chèvre en haut du rocher et je la suis. Il ne faut pas avoir le vertige... La vue est belle et aérienne mais au bout d'un moment ne voyant pas Florent arriver, je décide de redescendre à sa rencontre en abandonnant Maya sur son aiguillon rocheux (très mauvaise idée rétrospectivement). Je redescends pas mal avant de les retrouver : Matéo (notre ex champion de la randonnée) est épuisé et veut retourner au bateau. On décide que je redescende avec lui et que Florent rejoigne Maya. Je rassure nos lecteurs : son papa la retrouve saine et sauve et la désescalade s'effectue sans encombre mais elle a eu peur de se retrouver abandonnée, seule sur son rocher...
Après ces quelques imprudences, nous levons l'ancre et poursuivons notre navigation côtière vers le Nord.
MANGONUI HARBOUR :
La passe d'entrée de Mangonui Harbour est exiguë mais le site est vraiment joli, surplombé de collines verdoyantes et de pins.
C'est dans cette zone que nous apercevons nos premiers pingouins néo zélandais en mettant un sacré bout de temps avant de comprendre que ça en est d'ailleurs. Ils sont tout petits et batifolent à proximité de Ninamu.
Les informations de notre guide de navigation ne sont pas tout à fait exactes car il est très difficile de mouiller dans le fond de la baie en raison de nombreux corps morts qui occupent tout l'espace qui ne soit pas de la mangrove. L'on finit par se trouver une petite place à Mill Bay en empiétant un peu sur le chenal. Nous sommes le seul bateau étranger, les gens nous regardent avec curiosité et nous bénéficions de leur clémence.
Une jetée permet de débarquer à terre, nous partons en balade avec notre bidon d'essence car nous n'avons plus de carburant pour l'annexe. Le problème est que la station essence est située de l'autre côté de la colline à plusieurs kilomètres ; du coup Florent fait du stop et est pris immédiatement par la première voiture qui passe à notre hauteur. Non seulement, ils emmènent Florent à la pompe mais ils insistent pour le ramener au quai ! Nous les invitons chaleureusement à boire une bière à bord mais ils repartent. De la gentillesse néo-zélandaise typique comme on a pu le constater à maintes reprises durant notre séjour.
Nous partons nous balader sur la colline Rangikapiti qui surplombe le mouillage, la vue sur le port est magnifique ; tout est toujours plus beau lorsque l'on prend de la hauteur.
Mangonui est une escale sympathique sur la route du Nord, la ville possède un Fish'n'Chips renommé dans le monde entier où nous nous empressons d'aller déjeuner. Oui, on ne peut pas dire que cela soit mauvais mais c'est toujours aussi gras et toujours aussi... pareil ! Très déçus... L'on se rabat sur l'épicerie qui est bien achalandée et qui nous permet de faire nos dernières courses avant Noël.
Le lendemain, nous poursuivons notre navigation vers la péninsule de Karikari qui nous semble le lieu idéal pour passer les fêtes de Noël.
PENINSULE DE KARIKARI :
Cette péninsule du Far Northland est préservée et très peu urbanisée ; deux baies paradisiaques situées au Nord permettent de mouiller. Maitai Bay et Waikato sont des mouillages un peu rouleurs mais la beauté sauvage des lieux vaut bien ce petit désagrément. Nous sommes le seul voilier ancré en face de la plage de sable blanc. Du mauvais temps arrive mais nous ne pouvons nous résoudre à changer de mouillage.
Nous passons le réveillon de Noël en famille et une fois de plus (depuis quelques années à présent) Florent, Matéo et Maya doivent subir mes tentatives de réalisation de bûche de Noël (qui sont plutôt des briques depuis que j'ai arrêté d'essayer de rouler la génoise...). L'aspect n'est jamais très reluisant mais le goût y est apparemment. Le lendemain, Maya s'empresse d'essayer le kayac que lui a ramené Santa Klaus (le christmas's father kiwi) et s'en sort plutôt bien pour une débutante.
La péninsule de Karikari est parsemée de sentiers dont l'un permet de se rendre sur la côte ouest où s'étire une magnifique plage de sable blanc. Les rouleaux de l'océan s’échouent dans un grondement et participent à la création de dunes de sable farineux. C'est beau. Nous sommes en contemplation admirative devant la beauté du monde.
HOUHORA HARBOUR :
Les fêtes passées, nous reprenons la mer pour Houhora Harbour, encore un joli port naturel situé plus au Nord.
Le matin, nous nous réveillons sur un lac, nous sommes bien abrités et un banc de dauphins batifolent à proximité du bateau. Nous nous empressons de prendre l'annexe et d'aller à leur rencontre.
L'après midi, nous nous baladons sur le mont Camel d'où la vue est splendide.
Hélas, nous sommes vite rattrapés par le mauvais temps et un véritable déluge s'abat sur nous.
Le beau temps revenu, nous explorons les baies plus au Nord, Houhora Bay puis Grenville Point dont les mouillages sauvages et solitaires sont exceptionnels. A terre, nous partons à l'assaut des collines alentour et la vue vers le Nord est à couper le souffle. Cela nous donne l'envie d'aller toujours plus loin à la recherche de solitude encore plus prononcée et c'est, guidés par ce désir, que nous prenons une décision tout à fait funeste : passer le réveillon du 31 décembre à Parengarenga Harbour.
PARENGARENGA HARBOUR :
Parengarenga Harbour est situé à l’extrémité Nord de l'île du Nord, c'est un coin sauvage et désertique ; peu de bateaux s’aventurent aussi loin. Son accès n'est possible qu'à l'étale et avec une excellente visibilité car le banc de sable à l'entrée se déplace d'année en année et ne correspond ni aux cartes marines, ni au GPS. Un repérage en annexe est donc vivement conseillé avant de s'y aventurer (ce que nous n'avions pas fait...).
En ce qui nous concerne, nous avons été stupides et imprudents d'envisager de nous y aventurer avec un quillard. Mais le 31 décembre 2013, il fait beau, nous naviguons vers le cap Nord dans des conditions agréables et l'on pêche une bonite. Le moral est à la fête.
L'on se présente dans la matinée devant l'entrée de Parengarenga mais c'est marée sortante et ça déferle au niveau de la passe. Nous remémorant notre mésaventure sur la rivière à Kerikeri, nous préférons mouiller plus au Nord devant Waikuku Beach dans l'attente de la marée montante.
Vers 16 heures, nous nous présentons à nouveau devant l'entrée de Parengarenga Harbour ; le soleil est contre nous mais je suis plutôt confiante. Florent a un mauvais pressentiment mais se garde bien de me le dire. Nous nous engageons dans ce que l'on pense être le chenal mais très rapidement, il s'avère que c'est une lourde erreur : le chenal est plus au Sud et un banc de sable nous en sépare ! Lorsque l'on se rend compte de notre méprise, l'on tente de faire marche arrière mais le courant de 2 nœuds nous pousse toujours plus vers l'intérieur. C'est l'échouage assuré, notre stress est au maximum, on frôle la catastrophe. Le voilier est malmené par les vagues qui se forment sur le banc de sable, on talonne avec notre quille. Je fais rentrer les enfants dans le bateau, Maya est très angoissée, elle comprend que quelque chose de grave se produit, Matéo, lui, semble totalement inconscient de la gravité de la situation ; tant mieux pour lui.
L'on aperçoit un bateau à moteur dans le chenal, je fais alors un appel PAN-PAN-PAN à la VHF mais ce dernier poursuit sa trajectoire et c'est le CROSS néo-zélandais qui nous répond ! C'est le gros cafouillage à bord : répondre à la VHF, gérer les enfants, essayer de sortir de ce mauvais pas. Nos cerveaux tournent à 200% et le stress est à son comble. Avec effroi, nous voyons une vague plus grosse que les autres s'abattre transversalement sur Ninamu mais elle a pour effet de désensabler la quille en nous faisant pencher sur le côté. Ce qui a pour effet de nous faire progresser vers la sortie de la passe.
Nous ne savons toujours pas par quel miracle nous arrivons à sortir de cette mauvaise passe (dans tous les sens du terme). Nous tremblons d'effroi et sommes vraiment choqués. Nous buvons deux bières coup sur coup pour essayer de nous calmer et une fois hors de danger, Florent plonge pour inspecter la quille ; heureusement elle ne semble pas avoir de dommage apparent.
Je suis stupéfaite lorsque le capitaine me demande si nous devons retenter l'entrée mais par le bon chenal cette fois-ci ; pour moi, il en est hors de question ! Je suis tellement secouée que je n'ai qu'une envie : fuir de la zone de Parengarenga et c'est ainsi que nous décidons de passer notre nuit du réveillon en navigation nocturne vers les îles Cavalli.
La mer est calme, nous sommes au travers avec un vent de 10 nœuds mais qui finira par s’essouffler durant la nuit. C'est un réveillon original mais le cœur n'est pas vraiment à la fête... L'on boit quant même du champagne accompagné de quelques muffins au foie gras, dérogeant à notre règle de ne jamais consommer d'alcool en navigation.
Je trouve que l'on finit mal l'année, comme l'an passé d'ailleurs lorsque Matéo avait failli se noyer quand notre annexe s'était retournée dans les rouleaux aux Marquises.
L'on prend la bonne résolution pour 2014 de ne plus prendre de risques, ni pour nous, ni pour notre bateau. Car même si notre bonheur est insolent, il n'en n'ai pas moins fragile. Avec beaucoup de chance, l'on s'en est bien sorti cette fois-ci mais quand serait-il de la prochaine ? Nous avons pêché en voulant toujours plus, toujours plus beau, toujours plus sauvage, toujours plus exceptionnel. Il faut savoir parfois se contenter de ce que l'on a et résister à la surenchère. Enfin, voilà une des choses que cette mauvaise expérience nautique nous a apprise.
A la levée du jour, en ce premier jour de l'an, comme pour nous réconforter un groupe de dauphins nous accompagne jusqu’aux îles Cavalli.