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30 janvier 2012 1 30 /01 /janvier /2012 12:59

 G 137

 

Le départ tant désiré finit par arriver : nous levons l’ancre, hissons les voiles et mettons le cap au Sud vers l’île de Bequia située à 90 miles de la Martinique. Nous effectuons une navigation de nuit agréable en faisantG 063 du 7 nœuds. Pour cause d’allaitement, je suis exemptée de quart (enfin je fais les quarts « allaitement ») et Florent se charge des quarts navigation. Nous croisons énormément de bateaux, de pêche ou de plaisance ; ce qui nous change du Pacifique où il y avait très peu de trafic. Nous sommes donc obligés de veiller. Arrivés au petit matin à Bequia, nous sommes agréablement surpris par le village de Port Elisabeth que l’on trouve charmant malgré ce que l’on nous en avait décrit. Par contre, les formalités administratives le sont moins puisqu’il nous faut pas moins de 2 heures 30 afin d’obtenir nos visas, faire tamponner nos passeports et récupérer la clearance du bateau. Malgré nos enfants et les hurlements exaspérés de Mateo, pas une personne dans la queue ne nous a proposé de nous céder sa place... Sympa les plaisanciers. Ou sans enfants. Ou égoïstes. Ou à 10 minutes près alors que cela faisait déjà deux bonnes heures qu’ils faisaient la queue...

 

Le mouillage devant Port Elisabeth est encombré de corps morts et de bateaux et l’on doit mouiller 3 ou 4 fois avant de pouvoir ancrer Ninamu en sécurité sans gêner le mouillage des autres voiliers. G 160G

Nous resterons plusieurs jours à Bequia mais sans explorer l’île en profondeur, nous nous occupons plutôt de logistique : faire la lessive, remplir d’eau les réservoirs de Ninamu, acheter des fruits et des légumes... Rien de très exaltant mais grâce à cette escale nous rencontrons les très sympathiques Christine et Bruno du voilier Mosquito ainsi que Marjorie, Guillaume et Emalia du voilier Wahoo.

En effet, le seul aspect négatif de notre voyage en voilier est l’isolement relatif de Maya ; elle, très sociable, adore jouer avec les autres garnements et tout d’un coup, elle se retrouve sevrée de l’école et surtout de tous ses anciens copains dont elle nous rabâche les noms à longueur de journée : Maïwenn, Julien, Rose, Gaspard, Manec, Tom... en demandant quand est ce qu’on va les revoir. Je dois avouer qu’on a beau lui expliquer, j’ai toujours un petit pincement au cœur quand elle me demande de jouer avec des enfants. C’est donc avec ravissement, qu’on voit le catamaran Wahoo mouiller juste à côté de nous car ils ont une adorable fillette de l’âge de Maya. Les parents sont aussi très sympas, le hasard fait donc bien les choses !

G 293Nous pensions rencontrer beaucoup plus de voiliers voyageant avec des enfants, et bien non. D’autre part, à terre, nous ne pouvons pas dire que nous ayons fait de vraies rencontres avec la population, tous les échanges sont commerciaux, les liens sont difficiles à créer. Lors de notre premier voyage, notre bébé Maya nous avait ouvert bien des bras, des conversations, des portes car nous n’avions jamais rechigné à la refourguer à quiconque nous la réclamait. Aux Grenadines, les contacts sont difficiles lorsque l’on est de passage. Les gens sont gentils, courtois mais rien de plus. Et si nous sommes curieux de leurs vies, de leurs propres nourrissons, eux, semblent indifférents à notre présence.

L’autre aspect que nous reprochons à ces îles (mais qui va de pair) est l’afflux touristique et le nombre de bateaux de charter ; nous en sommes stupéfaits. Les mouillages sont bondés, personne ne se salue en annexe et les contacts entre marins sont froids.

 

G 146Pour le réveillon du 31 décembre, nous décidons d’aller aux Tobago Cays situés à quelques miles de Bequia.

Ce nom éveillait en nous mille splendeurs passées en Polynésie et notamment les mouillages déserts des Tuamotu. Tout le monde, nous en avait fait l’éloge, aussi bien les copains martiniquais que des copains vivant en Polynésie ; on nous parlait même de similitude avec les Tuamotu... Bien sûr, on nous avait prévenu qu’il risquait d’y avoir du monde mais l’on ne s’attendait pas à un tel choc. Faire les vieux blasés en prétendant que ce n’est pas beau serait malhonnête ; cependant la beauté du site est saccagée par le nombre de bateaux (une centaine peut être lorsque nous y étions). Oui, c’est beau mais trop fréquenté. Peut être que le problème de fond n’est pas le nombre de bateaux mais l’état d’esprit des gens quiG 116 sont sur ces bateaux. C’est un peu comme si vous croisiez votre voisin de palier, qui en plus a une vue plongeante sur votre terrasse, et qu’il ne vous adresse ni un bonjour, ni un regard. Surprenante ambiance, qui plus est pour un 31 décembre ! Où même les parisiens dans la rue se souhaitent « Bonne année » !

Toutefois, nous retrouvons les Mosquito et passons de bons moments en leur compagnie. L’on retrouve également nos copains Greg, Morgane et Malo de la Malouine.

 

G 174Après les Tobago, nous tentons des mouillages moins fréquentés, direction Mayreau. Nous ancrons à Saline Bay le temps de visiter cette petite île à pied. A maintes reprises, nous tenterons de mouiller au Nord de l’île dans la superbe baie de Salt Whistle mais il y a tellement de bateaux qu’il nous est impossible d’y trouver une place.

Par dépit, nous remontons vers l’île de Canouan mais la nuit passée au mouillage à rouler nous dissuade d’en passer une seconde !

 

Le bassin de navigation des Grenadines est idéal : les îles ne sont G 182distantes que de quelques miles, le vent est portant mais la surfréquentation des mouillages nous gâche le plaisir d’y naviguer.

Nous décidons donc de quitter cet archipel en faisant une dernière escale à l’île d’Union où nous pourrons effectuer un avitaillement (hors de prix comme partout aux Grenadines) et surtout faire notre clearance de sortie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

    La Baie de Chatham : un paradis préservé aux Grenadines !

  G 218

 

La navigation entre Canouan et Union se fait au portant, l’on fait du 8 nœuds, il fait beau et l’on pêche un thazard ! Autant de signes annonciateurs que la vie va être belle ! Nous avions décidé de mouiller en baie de Chatham sans trop se faire d’illusion car Union est l’autre île hyper touristique des Grenadines.

Choc à l’arrivée : la baie est splendide, majestueuse, sauvage et quasi déserte ; elle aurait presque un air des Marquises si les montagnes avaient été plus hautes. Nous sommes stupéfaits : le mouillage est calme et beau ; la plage somptueuse, l’eau très claire, les tortues n’arrêtent pas de sortir la tête autour du bateau et nous ne sommes que 6 voiliers au mouillage! Pour nous, c’est incompréhensible.

Le paradis existe donc bien aux Grenadines...

 

 

 

Cerise sur le gâteau, nous y retrouvons Christine et Bruno sur Mosquito et c’est l’occasion d’autres discussions, rigolades et bonnes bouffes entre copains. G 227

Nous resterons plusieurs jours dans cette baie, tellement nous nous y sentons bien et c’est la première fois depuis le début de notre voyage. Quelques sentiers alentours permettent de faire des balades offrant un beau panorama sur la baie et l’ensemble de l’île. Abandonnant, mari et enfants, je m’évade une petite heure sur un sentier histoire de me remémorer des sensations non pas de jeunesse mais de célibat je dirai. Je suis heureuse mais au bout d’un moment, il me faut rebrousser chemin car j’en connais un qui doit réclamer sa  rasade de lait. Je tombe alors nez à nez avec un homme qui ne semble pas parler anglais mais qui communique avec moi à l’aide de grands gestes, il m’invite à le suivre sur un sentier différent et je le fais en toute confiance tellement il m’apparaît sympathique malgré le grand coupe-coupe qu’il se trimballe sur l’épaule. Nous « discutons » avec gestes et onomatopées et je peux dire que c’est la première vraie rencontre que je fais aux Grenadines. C’est un paradoxe, vu que nous ne parlons même pas la même langue ! Comme quoi ce proverbe indien se confirme : « Dans tous les pays du monde, le sourire parle le même langage. »

 

G 278

 

Le lendemain matin, nous tentons cette fois ci en famille, une jolie balade le long d’une crête mais au bout d’un moment, un serpent noir nous coupant le chemin, on le rebrousse justement et à toute vitesse ! Courageux mais pas téméraires les Gachod... G 149

Les jours passent et nos provisions s’amenuisent nous devons donc aller à la ville principale (et hyper touristique) d’Union afin de nous ravitailler. C’est le choc mais inverse : le mouillage est surchargé de bateaux. Le village de Clifton est joli ou disons joliment aménagé pour les touristes.

L’ambiance est relax. Nous faisons le plein de fruits et légumes chez Jenny qui non seulement est hyper sympa mais en plus pratique des tarifs honnêtes. Elle fabrique de succulents jus maison que l’on ne saurait que trop vous recommander si vous passez par là. Son échoppe est sur la gauche lorsque l’on fait dos à la mer et il y a une grosse pancarte « Chez Jenny’s ».

 

G 336

 

Au départ, alors que nous étions devant son étal, en bons franchouillards, nous maugréions sur le tarif exorbitant des mangues. Une française vivant à Union depuis une bonne quinzaine d’années nous a expliqué le pourquoi de ces tarifs et affirmé G 367que Jenny était pourtant une des commerçantes les moins chères. Rien ne pousse sur cette île pelée et tout est importé de l’île de St Vincent plus au Nord.

   G 392Nous nous régalons également de yaourts de chez Captain Gourmet avant de les fabriquer nous même grâce à Mosquito, ceux ci nous ayant légué leurs pots en verre.

Avant de quitter les Grenadines, nous faisons escale à Petit Saint Vincent et Petite Martinique distantes de quelques miles d’Union afin de « profiter » une dernière fois des prises de tête de mouillage habituelles. Nous jetons l’ancre dans un mouillage quasi solitaire ; rapidement un bateau (de charter en général) mouille sur notre ancre alors que l’alizé souffle fort. Comme d’habitude Florent peste et je relativise. Puis un autre voilier mouille juste à côté de nous (sans un regard) et l’on se retrouve à 5 mètres d’eux cockpit contre cockpit.  Là, on décide de changer de mouillage, on prévient (aimablement au départ) le bateau de devant que l’on va dégager et qu’il risque de nous gêner vu que notre ancre est  probablement sous leur bateau et là comme d’habitude : palabres, mais non votre ancre n’est pas sous mon voilier et bla bla bla. Franchement, on en a marre et on décide de mettre les voiles vers Carriacou, décrite par des copains beaucoup plus authentique et préservée du tourisme.

Une dernière halte à Union pour faire notre clearance de sortie et là : je me fais pourrir par le douanier car j’ai osé hissé Maya a hauteur de comptoir afin qu’elle G 385Kdonne elle-même les passeports au fonctionnaire. Un méchant « Les enfants n’ont pas à s’appuyer sur MON bureau » accueille le sourire de Maya. Interloquée, je m’excuse poliment ou hypocritement comme vous vous voudrez et je me dis : « Good bye connard ! T’es pas prêt de nous revoir ! ».

 

Pour résumer les Grenadines : à notre goût c’est trop fréquenté et trop cher.

Seule la baie de Chatham nous a réconcilié avec cet archipel et c’est incontestablement notre mouillage préféré depuis la Martinique ! Avis à nos copains marins, s’il y a un mouillage à faire, c’est celui là !


G 358

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commentaires

J
Waouh, quel périple ! Pour notre dernier voyage en Martinique, nous avions choisi de louer un bateau et naviguer en mer. Mais lorsque l’on veut planifier son itinéraire et les lieux à ne pas manquer à l’avance, il est parfois très difficile de trouver les informations que l’on souhaite ! D'où également quelques déceptions au niveau des mouillages. Lors de cette dernière croisière dans les Grenadines (4 personnes – 2 couples), nous avons débuté notre périple à Le Marin pour nous rendre jusqu’à la Tobago Cays ! La location du bateau avait été effectuée auprès de l’entreprise GlobeSailor, dont nous sommes plutôt satisfaits ! Au plaisir de lire de nouveaux articles aussi enrichissants…
C
Waouw. Bravo pour votre blog. On va vous suivre.<br /> Qu'est ce qu'on pourrait vous raconter : maison en travaux, artisans débordés, chèques à gogo, et températures NEGATIVES. Mais bon, il n'y a que la température qui est négative. La vie est belle.<br /> Bon vent ! Bises à tous les quatre.
L
Bien reçu le blog. On est content d'avoir des news. Merci pour le maillot qui, effectivement, est tout petit mais enfin, j'ai pu tout rentrer et tant pis pour ce qui sort!...<br /> Bisous à tous<br /> Laure
A
Content de voir que toute la petite famille va bien :) enfin maintenant c'est meme une grande famille ! Profitez bien du voyage et on a tous hate que vous arriviez
J
Oté marmaille, quel plaisir de vous savoir enfin en mer.<br /> Merci de faire partager votre périple.Que Maya a changé!!!<br /> J'ai pas bien vu vos têtes à vous, faudra remédier;<br /> Le ptit dernier, ben je ferai connaissance quand vous arriverez ici à la Réunion. Profitez vivez bien chaque seconde du cadeau que nous fait la vie. Je vous aime. Jean

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  • : Voilier Ninamu, un océanis 473
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  • : Le voyage au long cours d'une famille avec 2 jeunes enfants à bord de leur voilier le Ninamu, des Antilles à l'océan Indien
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